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Hercule Poirot dépouillait
son courrier lorsque j'arrivai et lui souhaitais le bonjour.
_ Bonjour Poirot, belle journée, n'est ce pas !
Il releva la tête, posa son regard sur moi et me répondit
:
_ Sûrement Hastings, sûrement
Il considéra deux lettres qu'il tenait dans ses mains et me dit
d'un ton calme :
_ Hastings, croyez-vous aux coïncidences ?
Je fus étonné de cette question de sa part, mais je répliquai
:
_ Oui parfois certaines sont très troublantes.
Il eut un sourire à mon encontre ce qui signifiait qu'il calculait
mentalement un problème.
De là à penser que mon ami Poirot soit déjà
penché sur une affaire, il n'y avait
qu'un pas à franchir.
Je m'enhardis
_ C'est une nouvelle affaire Poirot ?
_ Peut-être, mon ami, mais lisez donc ces deux lettres, faites
le à haute voix ; j'aimerai les entendre.
Il me tendit les deux missives et je me saisis de celle du dessus.
Je pus lire :
_ Cher Mr Poirot
Je me nomme Paul Fix et je
suis le secrétaire particulier de Mr Charles Hunter, le directeurs
des papeteries Hunter.
Je désirerai vous voir car l'affaire dont je souhaite vous entretenir
devient grave et je ne sais plus que faire.
Inutile de vous dire qu'elle est urgente et concerne directement Mr
Hunter.
Je viendrai vous voir ce vendredi 20 mars à 9h.
Je vous remercie d'avance de votre attention.
Paul Fix
_ Il ne nous dit pas grand chose commentais-je
_ Je l'avais remarqué dit Poirot mais lisez maintenant la seconde.
Je me mis à lire.
Cher Mr Poirot
Je vous connais de réputation et je sais que vous êtes
l'homme qu'il me faut.
Je m'appelle Helen Parker et je suis la secrétaire de Mr Alexandre
Bowles le banquier bien connu de tous dans la city.
Je désirerai m'entretenir avec vous à propos d'une affaire
qui concerne mon employeur. Je crois et suis sûr que quelqu'un
lui en veut et qu'il court un grave danger. Je ne puis vous l'expliquer
par écrit par mesure de sécurité.
Je me rendrai à votre domicile, le vendredi 20 mars à
10 H
Veuillez avoir l'obligeance de m'accorder votre attention, Mr Poirot
sa vie peut en dépendre.
Helen Parker
Poirot vit que je relevai
la tête d'un air dubitatif.
_ Alors Hastings, quand je parle de coïncidences, vous avouerez
que ces deux lettres sont très troublantes !
Je fis remarquer :
_ Deux personnages importants semblent courir un danger en même
temps, et leurs employés vous sollicitent une entrevue, voilà
qui est très bizarre en effet !
_ Comment nous ne savons pas de quoi ces affaires seront faites, Hastings
nous devons pour l'instant les considérer comme indépendante
l'une de l'autre.
Mr Hunter dirige les papeterie Hunter et Mr Alexandre Bowles défraie
bien souvent la chronique boursière pour ses différentes
prises de position.
Je ne crois pas au hasard, il se trame quelque chose de grave, ces deux
lettres me le laisse clairement entendre.
Nous parlâmes de cas quelques minutes encore avant que Mrs Lemon
ne nous annonce la visite surprise de l'inspecteur Japp.
_ Faites le entrer Mrs Lemon et apportez moi ma tisane.
Japp pénétra dans la pièce comme à son habitude
d'un pas lourd, vêtu de son éternel imperméable.
Il vint se placer devant le bureau de Poirot, il tortillait son chapeau
maladroitement devant lui.
_ Bonjour Poirot, je suis bien heureux de vous trouver à votre
domicile, car je voudrais vous parler d'une affaire très curieuse.
Je sens que si je n'arrive pas à élucider ce cas je finirai
dans un placard de Scotland Yard.
A cet instant, Mrs Lemon vint déposer une tasse de tisane fumante
devant Poirot, il la remercia d'un sourire et d'un petit hochement de
tête.
_ Mais asseyez-vous inspecteur et racontez-moi tout.
Japp prit place dans un fauteuil et il nous livra son problème.
_ Cela tient en peu de choses, mais je n'y comprends strictement rien.
J'ai été appelé par Mrs Caster la gouvernante de
Mr Jeremy Fairchild le célèbre auteur de romans policiers.
Alors qu'elle prenait son service ce matin, elle a trouvé son
maître fou de terreur assis parterre dans l'angle du mur de son
bureau et lançant des imprécations à sa machine
à écrire.
Il disait selon elle des phrases sans suite mais apparemment cohérentes
pour lui.
Il ne semblait plus raisonner sainement et Mrs Caster affolée
par cet état de choses a appelé la police puis sur mon
conseil son médecin.
Je me suis donc rendu sur place et je l'ai trouvé dans le même
état qu'elle, parlant fort gesticulant, et suppliant sa machine
à écrire de l'épargner.
_ Laisse moi tranquille, épargne-moi voilà ce qu'il répétait
comme une litanie.
Sur ces entrefaites son docteur arriva et dès qu'il l'a vu il
a fait le nécessaire en lui administrant un sédatif.
Il a rédigé les papiers utiles à son hospitalisation
et il a appelé une ambulance d'urgence.
J'ai essayé d'interroger la domestique mais elle était
trop choquée pour pouvoir
répondre à mes questions.
Voilà Poirot, l'affaire qui m'échoit. Elle est unique
je n'ai jamais connu de cas similaire de toute ma carrière.
Pensez une subite crise de folie, qu'en pensez-vous ?
_ Voilà un récit édifiant et je crois qu'un esprit
machiavélique est à l'uvre.
Je voulus souligner un point que je trouvai intéressant.
_ Cette crise de folie semble être arrivée comme sur commande
!
_ J'avoue que je vais avoir besoin de vos lumières Poirot car
comme le fait si bien remarquer le capitaine Hastings, il y a là
une soudaineté qui m'effraie.
_ Vous pouvez compter sur moi dit Poirot, mais lisez donc ces deux lettres.
L'inspecteur Japp s'en saisit et les lut avec attention.
Il dit d'un ton interrogateur :
_ Que diable est ce là ? Croyez-vous qu'il y ait un lien avec
ma propre enquête ?
_ Je n'en sais rien pour l'instant, mais si vous passez me voir demain
vers 17H nous pourrons en discuter.
_ Que me conseillez-vous Poirot ?
Mon ami prit un temps et déclara sobrement :
_ Retournez interroger la gouvernante, posez-lui les bonnes questions
et retrouvons en fin d'après-midi, je suis certain que nous aurons
déjà avancé un peu.
_ Vous croyez qu'elle saura quelque chose d'important ?
_ Mon cher Japp, il arrive parfois que l'on en apprenne plus sur les
gens par leur domesticité que par le bottin mondain !
_ Entendu Poirot.
Et l'inspecteur Japp prit congé non sans nous avoir salué.
La journée s'écoula paisible et calme.
Nous attendions avec impatience les deux visites du lendemain.
De là, nous saurions vers où orienter notre enquête.
Dans la soirée, Poirot fit quelques recherches sur les deux personnages
influents qui étaient concernés et la nuit vint apaiser
nos esprits troublés.
Le lendemain vers 8H45 nous
patientions juste avant l'heure du premier rendez-vous.
Ce monsieur Paul Fix allait à lui seul commencer à nous
présenter l'écheveau de théories et d'hypothèses
que nous tramions malgré nous.
Seulement, rien n'est plus dangereux, que de bätir sur du sable,
nous ne le savions que trop.
A 9H00 exactement, Mrs Lemon annonça Mr Paul Fix.
Il pénétra dans la pièce avec une aura d'autorité,
émanant de sa personne comme un fluide magnétique.
Il portait un costume trois pièces de tweed, arborait de petites
moustaches noires, et il domestiquait ses cheveux au cosmétique.
Il tira sa montre de son gousset et déclara :
_ Je suis à l'heure Mr Poirot, j'espère que vous appréciez
la ponctualité, j'en ai fait une des règles de ma vie.
_ Evidemment Mr Fix prenez place et racontez moi ce qui vous préoccupe,
dés que j'ai reçu votre lettre, ce cas m'a intéressé.
Paul Fix s'assit avec précaution et déclara :
_ J'ai parlé d'affaire grave Mr Poirot car elle concerne mon
employeur Mr Hunter. C'est un homme strict, ponctuel, travailleur parfois
à l'excès, honnête et franc. Il ne se lance pas
dans un marché sans en avoir étudié tous les aspects.
Je travaille pour lui depuis vingt ans et je le connais parfaitement.
C'est un homme régulier dans ses habitudes et qui fait passer
son travail avant tout. Or, il y a une semaine, il lui est arrivé
une série d'évènements, qui ne cadrent pas du tout
avec sa personnalité.
Le vendredi 13 mars, il était 15H le téléphone
sonna, il répondit brièvement, raccrocha et au lieu de
se remettre au travail, il se leva, enfila son manteau, se coiffa de
son melon et me dit d'un ton monocorde :
_ Je dois sortir.
Puis il m'abandonna et ne donna plus de ses nouvelles.
Le soir, vers huit heures, je reçus un appel téléphonique
me demandant de venir d'urgence à l'hôpital St Andrews.
Je demandai des explications, il me fut répondu courtement que
Mr Hunter s'y trouvait dans un état mental très perturbé.
Je m'y suis rendu, et je pus le constater de visu, il n'avait plus rien
de commun avec le directeur pour lequel je travaille depuis plus de
vingt ans.
Il était la proie de terreur incontrôlée et il ne
m'a reconnu qu'à grand peine.
Le médecin le docteur Fuller m'apprit qu'il était dans
ce service depuis le milieu de l'après-midi, et que son état
restait stationnaire.
Voilà, Mr Poirot, je ne comprends pas ce qui lui est arrivé.
_ Je vois ! Reçoit-il des visites ?
_ Ce n'est pas interdit, mais il est protégé par un agent
de police qui monte la garde à sa porte.
C'est une personnalité Mr Poirot !
_ Je comprends, avez-vous une idée de ce qui a pu le mettre dans
cet état ?
_ Non, pas la moindre, mais une chose est certaine, tout est venu de
cet appel téléphonique.
_ Vous voulez dire qu'avant cela dans la journée il était
selon ses critères habituels.
_ Exactement, il était même heureux et joyeux car nous
venions d'emporter un contrat très important émanant du
ministère.
_ Connaissez-vous le docteur Fuller qui l'a pris en charge ?
_ Oui, c'est un ami de Mr Hunter, c'est sûrement pour cela que
l'on a pris la précaution de le diriger à St Andrews.
Pouvez-vous m'aider Mr Poirot ?
_ Je vais m'occuper de cette affaire Mr Fix et je vous tiendrai au courant
de la suite des évènements.
_ Je vous remercie Mr Poirot je suis très attaché à
Mr Hunter.
Mr Fix se leva et se retira aussi volontairement qu'il était
entré dans la pièce.
Mrs Lemon apporta sa tisane à Poirot. Il la remercia d'un petit
sourire et d'un hochement de tête.
Puis, il déclara :
_ Je crois ne pas me tromper en disant que l'affaire de Japp et celle-ci
sont liées.
Il nous reste à entendre Mrs Parker dans une demi-heure.
A 10H10, Mrs Parker pénétrait
dans le bureau et Poirot la salua en gentleman.
Elle était blonde, yeux d'un bleu azur, lèvres minces,
et de fines mains délicates renforçaient son image de
femme séduisante.
_ Mr Poirot, je suis bien aise de vous voir. Mr Bowles a bien besoin
de vos services, il est dans une situation terrible !
_ Racontez-moi ce qui lui arrive dit Poirot sobrement
_ Cela tient en peu de choses. Vendredi dernier, vers 16H00, je suis
entré dans son bureau pour lui apporter de la correspondance
a signé et je l'ai trouvé debout sur son bureau hurlant
et gesticulant disant :
_ Vous là voyez, elle est là, elle est là !
Il était au comble de la peur dansant d'un pied sur l'autre comme
un possédé.
_ A un moment, il a repris souffle et il m'a dit :
_ Attrapez là, je vous en prie, je n'en peux plus !
Je lui aie demandé de quoi il semblait avoir si peur car je ne
voyais rien d'inhabituel dans cette pièce et il m'a répondu
:
_ Mais la souris, Mrs Parker elle est là, elle passe et elle
repasse depuis tout à l'heure, elle trottine vite la méchante,
elle va m'attaquer !
Comme vous pouvez le croire, je suis resté interdite devant cette
déclaration si inhabituelle de la part de Mr Bowles aussi ai-je
saisit le téléphone et j'ai appelé le docteur Fuller
pour qu'il vienne d'urgence.
_ C'est le médecin traitant de Mr Bowles demanda Poirot
_ Oui et c'est un ami de longue date.
_ Continuez Mrs Parker
_ Le médecin est arrivé peu après, après
maints palabres il l'a convaincu de descendre de cette table, et il
l'a fait emmener à l'hôpital St Andrews.
Mr Bowles si froid d'ordinaire était terrorisé comme un
enfant. En sortant de la pièce il regarda de tous les côtés,
comme un homme qui ne raisonne plus.
Voilà ce qui motive ma lettre, je crois bien que cette aventure
soit le prélude à quelque chose de plus grave Mr Poirot.
M'accorderez vous votre aide ?
_ Très volontiers, Mrs Parker mais juste une question, a-t-on
retrouvé une souris dans ce bureau ?
_ Oui, le lendemain matin je l'ai vu sur le siège de Mr Bowles,
c'était une souris blanche des plus inoffensive, je l'ai attrapé
et je l'ai mise dehors.
_ Je vous remercie Mrs Parker, restez en contact avec moi, j'aurai encore
des questions à vous poser.
_ Bien sur Mr Poirot et merci de prendre cette affaire en main.
Elle se leva de sa chaise avec grâce et nous salua avant de prendre
congé.
_ Quelle femme dis-je remarquable !
_ Ah ! les femmes Hastings, les femmes vous perdront !
Je souris à cette plaisanterie.
_ Alors Poirot où allons-nous ?
_ Direction hôpital St Andrews, mon ami allons voir ce docteur
qui soignent nos clients perturbés.
Après un long moment
d'attente le docteur Fuller nous reçût dans son cabinet.
C'était un homme grand et maigre, le regard perçant, il
toisait ses interlocuteurs d'une manière impressionnante. A l'énoncé
du nom de Poirot, il s'adoucit un peu et nous invita à parler
avec lui.
_ Alors Mr Poirot avez-vous un problème quelconque ? dit-il d'un
ton ironique.
_ Oui et non, j'aimerai que vous me parliez des cas de Mr Hunter et
de Mr Bowles.
J'ai été sollicité pour leur venir en aide et votre
aide me serait précieuse.
Le docteur Fuller s'enfonça dans le dossier de son fauteuil et
dit :
_ Ce sont deux cas particuliers assez étranges Mr Poirot, ils
ont tous les deux étés pris d'une terreur subite pour
un motif qui m'est encore inconnu. Pour l'instant, je ne peux que les
apaiser et les remettre à niveau.
_ Avez-vous déjà rencontré ce genre de pathologie
?
_ Oui d'une certaine manière mais le sujet dérive peu
à peu au fil des jours vers cet état dépressif,
ce n'est jamais subit comme dans les cas qui m'occupent aujourd'hui.
De ce fait la thérapie ne sera pas la même pour ces deux
personnes.
_ Soignez-vous de manière classique ou avez-vous une méthode
particulière pour obtenir de meilleurs résultats dit Poirot
_ Je tâche d'adapter le traitement adéquat à chaque
malade, il m'est même arrivé d'en soigner grâce à
l'hypnose cela donne parfois des suites étonnantes !
_ Comme c'est intéressant ! Racontez-nous ça docteur Fuller.
Le médecin se releva et commenta :
_ Disons que dans les grandes lignes, j'essaie d'extirper au malade
ce qui lui nuit grâce à ce moyen, peu à peu, il
oublie les causes de son trouble.
Une question me vint mais je préférai ne rien dire.
_ Pensez-vous qu'ils se rétabliront bientôt ?
_ Oui, quand j'aurai trouvé le mal qui les travaille, ce sera
une question de jours Mr Poirot.
Néanmoins, je crois pouvoir dire qu'ils sont pour l'instant trop
affectés pour faire de réels progrès. Il faut un
petit peu de temps Mr Poirot, chacun a ses propres phobies.
Poirot se leva et remercia le docteur Fuller de ce bref entretien puis
nous quittâmes l'hôpital.
Arrivés sur le trottoir, je communiquai l'idée qui m'était
venue durant l'entretien.
Poirot fonça les sourcils en prenant un air grave et me répondit
:
_ Souhaitons que non, ce serait trop horrible !
J'appelai un taxi et nous
rentrâmes à l'appartement.
Poirot voulait réfléchir aux faits qu'il avait recueillit
dans le calme.
Deux heures s'écoulèrent et après un repas frugal,
Poirot me dit :
_ je vais téléphoner à Japp pour qu'il fasse examiner
les papiers, compte bancaire, assurance de nos deux clients dépressifs.
Je sais qu'il y a là une piste à découvrir.
Il s'exécuta et nous attendîmes sa visite à 17H00.
A son arrivée, Japp était de bonne humeur, l'idée
de Poirot avait porté ses fruits.
_ Alors inspecteur Japp, des résultats ?
_ Comme vous pouvez l'imaginer, ils possèdent tous les deux un
compte bancaire très élevés argent, actions, valeurs
diverses.
Mais j'ai noté quelque chose de très curieux Poirot, il
apparaît des traces d'un compte commun avec trois autres personnes.
L'inspecteur Japp marqua un temps car il se rendait compte que Poirot
bouillait d'impatience.
C'était une petite plaisanterie anodine entre les deux hommes
qui se renouvelait de temps en temps.
_ Oui, il semble que Mr Hunter, Mr Bowles, Mr Fairchild, et Mr Fuller
aie des intérets joints que l'on fait fructifier pour eux.
_ Il est curieux de constater dit Poirot que Mr Fuller aie une chance
insensée.
Japp fit une moue dubitative.
_ Vous croyez qu'il faut que je m'accroche aux basques de ce lascar
Poirot.
_ Je le crois inspecteur mais n'agissez qu'avec la plus grande prudence.
Je vais vous donner un conseil, allez voir son secrétaire et
renseignez-vous pour savoir quel point commun pourrait réunir
ces quatre personnes.
_ Et vous Poirot ?
_ Pour ma part répondit très tranquillement Poirot, je
vais retourner voir Miss Parker pour éclaircir certains points
obscurs.
Japp se leva rajusta son imperméable et déclara :
_ Du diable, si je comprends comment ce Fuller a pu s'y prendre !
_ Du calme inspecteur, de l'ordre et de la méthode et tout se
révélera au grand jour, le moment venu.
Japp bougonna quelque chose d'inaudible et prit congé.
_ Vous ne trouvez pas bizarre
Hastings, ces trois cas de figures ?
Mr Hunter est retrouvé dans un tel état nerveux qu'il
faut l'hospitaliser d'urgence, Mr Bowles est terrorisé par une
souris blanche et Mr Fairchild a une peur bleue de sa machine à
écrire.
N'y-a-t-il rien là-dedans
qui vous choque ?
Je réfléchis à la question quelques secondes, puis
:
_ Il me semble que qu'un s'évertue à torturer ces personnes,
mais je ne sais pas pourquoi !
_ Précisément, mon ami il y a derrière tout ceci,
un cerveau machiavélique en action. Venez Hastings, retournons
voir Miss Parker.
Nous prîmes un taxi et une demi-heure plus tard, elle nous accordait
un entretien.
_ Dites moi, Miss Parker, vous n'avez rien noté d'inhabituel,
l'après-midi où votre patron a été atteint
de cette terreur ?
_ Non, il travaillait dans son bureau comme à l'ordinaire.
_ A-t-il eut des rendez-vous cet après-midi là ?
_ Oui, Mr Franklin à 15H00, et Mr Fuller à 15H30.
_ Quels étaient le but de leurs visites ?
_ Mr Franklin désirait négocier des actions aux meilleurs
prix, et Mr Fuller entendait se faire expliquer un nouveau mode de placement.
_ Mr Fuller est-il resté longtemps ?
_ Non 20 à 25 minutes
Poirot eut un petit sourire.
_ Et c'est peu après le départ de Mr Fuller que vous l'avez
donc retrouvé dans cet état pitoyable
_ Oui Mr Poirot, mais où voulez-vous en venir ?
_ Nul part, j'établis les faits, voilà tout. Une dernière
question, vous n'avez rien trouvé d'autre que la souris blanche
sur le siège de votre patron ?
Miss Parker resta sans voix quelques instants, puis elle déclara
:
_ Non, juste une étiquette sous le bureau de Mr Bowles, un client
sans doute qui l'aura laissé échappé de ses affaires
!
_ L'avez-vous conservé ?
_ Oui, je me rappelle l'avoir déposé sur le bureau par
pur réflexe.
_ Pourrions-nous la voir ?
_ Est-ce vraiment important Mr Poirot ?
_ On ne sait jamais plaisanta mon ami
Deux minutes plus tard, Miss Parker tendait à Poirot le petit
rectangle de papier bleuté.
Il la considéra sourit légèrement, puis il dit
doucement :
_ Merci beaucoup, Miss Parker, je pense que maintenant il est grand
temps de vous laisser reprendre votre travail.
Je notai le sourire charmeur de Miss Parker alors que nous quittions
le bureau.
Poirot considéra l'étiquette
et me dit :
_ Hastings appelez un taxi nous allons chez un certain Harper qui tient
un magasin d'animaux de compagnie.
_ C'est l'endroit où la souris blanche fut achetée !
_ Tout juste ! Et cela nous permettra peut-être de connaître
l'identité de l'acheteur.
Un quart d'heure plus tard, la façade du respectable établissement
Briggs nous apparût alors que le taxi ralentissait afin de se
garer contre le trottoir.
Nous pénétrâmes dans le magasin et fûmes accueillit
par un honorable vieillard aux cheveux blancs de neige.
_ Ces messieurs désirent ? demanda-t-il d'une voix chevrotante.
Poirot lui tendit l'étiquette et demanda :
_ Utilisez-vous ceci ?
Mr Harper ne jeta qu'un regard furtif sur le morceau de papier et déclara
:
_ Oui, je m'en sers pour comptabiliser mes ventes.
_ Expliquez-nous cela
_ Oh, le système est fort simple, chaque fois qu'un client achète
un gentil petit animal, je mets une étiquette dans la boîte
dans laquelle il l'emmène et je note sur le talon correspondant
l'achat effectué le prix et aussi le nom de l'acheteur.
_ Ainsi dit Poirot, vous pourriez me dire qui a acheté cette
souris blanche.
Mr Harper marqua un temps, se gratta le menton et répondit assez
embarrassé :
_ En temps normal, oui, mais il s'est passé un incident assez
curieux l'autre jour et qui me contrarie beaucoup.
_ Que s'est-il passé ? demandai-je
_ Le carnet a souche a disparu, sur le moment, je croyais l'avoir égaré
mais j'ai fouillé partout et je ne le retrouve pas. Croyez que
je serai très ennuyé à la fin du mois pour faire
mes comptes.
Poirot me jeta un regard rapide puis il poursuivit :
_ N'avez-vous pas un grand registre où le nom que je cherche
pourrait apparaître ?
_ Si mais malheureusement, je n'avais pas encore reporté les
talons dessus !
_ Diable, fit Poirot c'est par trop de malchance !
_ Désolé répondit Mr Harper
_ Cela ne fait rien, une dernière chose pouvez-vous me donner
une description de l'homme ?
_ Bien sûr !
Et Mr Harper traça un portrait précis et fidèle
de son visiteur.
_ Mille fois merci Mr Harper dit Poirot et si par hasard, vous retrouviez
trace d'une autre écriture comptable où ce nom apparaîtrait,
contactez-moi.
Poirot lui tendit sa carte de visite.
_ Entendu Mr Poirot.
Nous quittâmes le magasin avec quelque satisfaction, car nous
connaissions parfaitement le visage de l'homme décrit par notre
sympathique vendeurs d'animaux.
Nous rentrâmes à l'appartement de mon ami et nous fîmes
le point de la situation.
Notre entretien s'achevait quand Miss Lemon introduisit l'inspecteur
Japp.
Il nous considéra et dit :
_ Mon cher Poirot, vous aviez raison, en cherchant ce qui pouvait être
le facteur commun de toutes ces personnes, j'ai trouvé un indice
très intéressant !
_ Racontez-nous cela inspecteur dit Poirot dont les yeux se mirent à
briller d'impatience.
_ Je me suis rendu chez le notaire de Mr Hunter et j'ai découvert
que ce compte commun obéit à certaines règles très
précises.
Il comporte une clause très particulière !
Figurez-vous que si l'un des membres venait à mourir, l'argent
du défunt se répartirai sur les comptes des membres restants.
Si, par le fait d'une maladie un ou au maximum trois membres venait
à être atteint d'une longue maladie, le quatrième
a autorité et pouvoir de s'occuper de l'argent des trois autres
!
Alors, Poirot que dites-vous de cela ?
_ Bravo, inspecteur vous venez de découvrir le mobile de toute
cette fantastique histoire !
_ Que comptez-vous faire Poirot ?
Mon ami posa une question à Japp qui y répondit très
facilement.
_ C'est très bien, je vais rendre une dernière visite
à Miss Parker et après cela je vous suggère de
nous rejoindre chez le docteur Fuller.
_ Entendu Poirot à plus tard.
Et L'inspecteur Japp nous salua avant de sortir à grandes enjambées.
_ L'affaire se précise d'heures en heures Hastings, ne croyez-vous
pas ?
_ Certainement, Poirot mais que comptez-vous trouver de nouveau auprès
de Miss Parker ?
Poirot me sourit malicieusement et déclara :
_ Un dernier indice qui confirmera ma théorie.
_ Mais
.
_ Allons, Hastings en route, vous ne voudriez pas manquer cette charmante
visite n'est-ce pas !
_ Poirot !
_ Venez, il commence à se faire tard
Un quart d'heure plus tard, nous étions de nouveau en compagnie
de Miss Parker.
_ Autre chose pour votre service Mr Poirot ?
Mon ami prit un air dégagé et demanda :
_ Mr Fuller a-t-il un compte chez vous ?
_ Oui, il ne possède d'ailleurs que ce compte à ma connaissance.
_ Sans trahir, le secret professionnel, pouvez-vous me dire quel est
l'état actuel de ce compte ?
Miss Parker marque un temps de silence et nous considéra tour
à tour.
_ Avant de vous répondre, Mr Poirot, j'aimerai savoir si cette
information est capitale pour votre enquête.
_ Elle est d'une importance majeure. De votre réponse, dépendra
le sort d'un homme !
_ Bien, je comprends. J'accepte de vous communiquer ce renseignement
mais je vous demande la plus grande discrétion Mr Poirot.
_ Je serai muet comme une tombe répondit mon ami.
_ Mr Poirot, je vais être franche avec vous, son compte est vide
et les dettes se sont accumulées à une vitesse record.
Si Mr Fuller nous honore encore de sa présence, cela ne tient
qu'à la grande amitié qui le lie avec Mr Bowles.
_ Je comprends parfaitement la situation et je vous remercie de votre
franchise.
Une dernière question, Miss Parker, a hauteur de combien s'élèvent
les dettes de Mr Fuller ?
Pour toute réponse, Miss Parker répondit :
_ Astronomiques !
_ Bien, voilà qui répond à ma question, je vous
souhaite une bonne fin de journée et vous remercie encore.
Miss Parker nous raccompagna jusqu'à la porte et je quittai son
bureau en emmenant le souvenir de son ravissant sourire.
Lorsque nous sortîmes
une foule de questions me taraudait.
Je fis remarquer à Poirot :
_ Nous savons maintenant qui est le responsable de cette terreur subite,
mais je suis incapable de comprendre comment il s'y est pris.
Poirot eut un sourire à mon encontre, et il déclara :
_ Ne vous impatientez pas Hastings tout vous seras bientôt révélé
!
Nous hêlames un taxi et nous rendîmes à l'adresse
du docteur Fuller.
L'inspecteur Japp faisait les cent pas sur le trottoir.
_ Alors Poirot demanda Japp avez-vous eu confirmation pour ce que vous
cherchiez ?
_ Tout à fait cher inspecteur, venez suivez moi et vous saurez.
Lorsque nous arrivâmes devant le bureau du docteur Fuller Poirot
déclara :
_ Attendez-vous messieurs à du sensationnel.
Le docteur Fuller nous reçût très cordialement en
apparence, mais je décelais une vive tension en lui qu'il avait
du mal à maîtriser.
Nous prîmes place dans des fauteuils lui faisant face sauf Poirot
qui préféra rester debout.
Mon ami demanda :
_ Avant toute chose, j'aimerai savoir comment se portent les trois personnes
dont vous avez la charge ?
_ Très bien, elles vont quitter l'hôpital aujourd'hui.
_ Evidemment dit Poirot je m'en doutais il ne pouvait pas en être
autrement.
Le docteur Fuller tressaillit et demanda :
_ Que voulez-vous dire Mr Poirot ?
Mon ami resta quelques secondes sans rien dire observant avec un regard
appuyé le praticien.
_ Allons les jeux sont faits, il est grand temps que je vous montre
que l'on ne jette pas de poudre aux yeux à Hercule Poirot.
Lorsque j'ai débuté cette affaire, j'avoue que je me suis
trouvé dérouté pas l'étrangeté des
faits qui m'étaient présentés.
Il était parfaitement inconcevable que trois personnes aussi
connues soient subitement atteintes toutes de la même affection.
Il y avait un agent criminel qui était à l'uvre.
Ensuite, je vous ai rendu visite et vous m'avez parlé de leurs
cas et c'est là que vous m'avez donné une clé très
importante dans cette affaire.
Seulement, il y avait un facteur commun qui devait réunir toutes
ces personnalités. C'est l'inspecteur Japp qui l'a découvert.
Cette tontine en commun était un bon mobile !
Je me demandai aussi pourquoi vous n'étiez pas touché
par cette affection mais ce fut facile à comprendre quand je
découvris l'étendue de vos dettes.
Cela vous désignait comme le coupable idéal.
Vous aviez les moyens, la clé que vous m'avez donné, le
mobile un urgent besoin d'argent. Tout concordait magnifiquement.
Il me semble dont évident que l'inspecteur Japp fasse son devoir
et vous arrête !
Cette dernière phrase provoqua un tollé de la part du
docteur Fuller.
_ Je vous croyais plus malin que cela Mr Poirot, vous ne pouvez rien
contre moi.
_ Bien au contraire.
_ Je vais maintenant vous expliquer la méthode que vous avez
utilisé.
C'est l'hypnose vous m'avez dit que vous vous en étiez parfois
servi et que cela donnait des résultats surprenants.
Ils le furent pour vos deux amis.
D'abord pour Mr Hunter.
Je sais que l'on ne peut pas faire faire quelque chose à quelqu'un
qu'il refuserait de faire en état normal.
Aussi vous avez contourné cette difficulté d'une manière
diabolique.
Lorsque vous avez constitué des dossiers médicaux sur
vos amis, vous connaissiez parfaitement leurs phobies et c'est sur ce
point faible que vous avez joué Mr Fuller.
Pour Mr Hunter, il devait détesté les espaces vides aussi
après l'avoir mis en condition pendant l'une de ces visites et
avoir utilisé l'hypnose, un vendredi après-midi vous l'avez
envoyé à ce terrain de golf endroit magnifique pour qu'il
aie une terrible crise d'angoisse.
Il vous était facile de le récupérer à l'hôpital
et de le mettre en observation jouant le rôle du médecin
traitant.
Ce fut la même méthode que vous avait employé pour
Mr Fairchild lui faisant naître une angoisse et une peur terrible
vis à vis de sa machine à écrire.
Par contre pour Mr Bowles ce fut encore plus aisé, connaissant
sa phobie des animaux rampants et en particulier les souris vous vous
en êtes procuré une et sous prétexte d'un rendez-vous
avec lui vous l'avez lâché dans son bureau.
La suite nous la connaissons.
Mr Fuller devint livide pourtant il balbutia faiblement :
_ Quelle preuve avez-vous Mr Poirot ?
_ Le vendeur de la souris vous a parfaitement identifié !!
Je crois que tout est dit et je vous engage à ne pas faire de
difficulté cela ne servirait à rien.
Le docteur Fuller se leva et suivit Japp sans résistance.
Nous quittâmes l'hôpital en donnant rendez-vous à
Japp pour six heures car Poirot avait une petite surprise pour lui.
A l'heure convenue, l'inspecteur
Japp venait nous rendre visite.
Quel ne fut pas son étonnement de pouvoir voir les trois protagonistes
de cette affaire réunis chez Poirot.
_ Bonsoir Poirot, dit il vous m'étonnerez toujours !
_ J'ai voulu réunir ces messieurs pour qu'ils puissent vous féliciter
pour votre action déterminante dans cette affaire
_ Vraiment !
_ Mais oui, cher inspecteur Japp c'est vous qui avez découvert
le mobile.
Mr Hunter, Mr Bowles et Mr
Fairchild félicitèrent Japp puis l'on porta un toast à
leur santé retrouvée.
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